Note de lecture de l'ouvrage de Nicolas DESSAUX

Lecture n°4 - Novembre 2011

Résistances irakiennes, contre l’occupation, l’islamisme et le capitalisme

Editions l’Echappée, 2006, 171p.

Résistances Irakiennes L’ouvrage se présente sous la forme de témoignages de membres du Parti Communiste Ouvrier d’Irak. Ces militants racontent leurs parcours et leurs combats. Dans la région sans doute la plus dangereuse du globe, la survie y est un défi de chaque instant. Surtout lorsque l’on est femme/communiste/athée/contre l’occupation. Malgré le côté poignant de ces récits, à la fin du livre on se demande toujours qu’elle peut être la perspective communiste dans un lieu aussi contraignant à toute forme d’émancipation humaine.
A vrai dire, les témoignages brillent surtout par une approche théorique superficielle, voire nulle. Les récits (héroïques), si ils sont certes importants pour permettre de prendre la mesure de la dangerosité du Moyen Orient, prennent néanmoins le pas sur la stratégie du PCO-I à moyen comme à long terme.

Le PCO-I met sur pieds des organisations capables de rassembler les masses autrement que sous son nom. Il y a une association de chômeurs, mais surtout le Congrès des Libertés (Irak Freedom Congress). Cette association vise à rassembler contre l’occupation, contre l’intégrisme, contre le communautarisme, contre les violences faites aux femmes. C’est un fourre-tout qui rassemble aussi des nationalistes et où les communistes ne sont plus majoritaires dans les organes de décisions. Compte tenu de la cible que représente le PCO-I par rapport aux intégristes et autres nationalistes (qui ont juré la peau des communistes après le départ des occupants), avancer «masqué» peut se comprendre mais c’est alors faire l’aveu que la forme parti n’est pas opérante d’autant que celui-ci se considère comme une avant-garde.
Par ailleurs, les thèmes développés, si ils sont le signe d’une certaines urgence, sont solubles dans une démocratie bourgeoise. Il suffit de lire le témoignage relatant l’émerveillement devant la façon dont sont traitées les femmes en Australie par rapport à l’Irak ou la prise de parole contre la guerre en Irak en 2003 devant des centaines de milliers de manifestants à Londres ou encore lorsque l’intégrisme fuit là-bas est découvert avec stupéfaction et dégout dans la capitale du premier pays industrialisé de l’histoire pour douter quelque peu de l’empreinte théorico-pratique léguée par K. Marx dans ce coin du globe.
Le terme «communiste» raisonne comme une formule magique et la chaine télé comme un levier pour enrayer la violence en Irak.

Une stratégie plus positive consiste à :

  • Organiser des groupes de sureté, c’est à dire des groupes de défense des quartiers face aux ennemis (étant donné la quantité, mieux vaut être déterminé) et non pas des milices qui pourraient être considérées comme agressives par le gouvernement, l’occupant, les religieux, les nationalistes de tous poils, etc. et qui, par conséquent subiraient un surcroit de violence avec défaite à la clés.
  • Organiser des grèves, notamment dans l’industrie du pétrole.

Le PCO-I lutte dans un contexte où le capital doit pacifier la société afin de continuer son expansion. Pour l’instant, à la lumière des témoignages rassemblés dans cet ouvrage, les organisations qu’il a mis au point pourraient se révéler fortes utiles... à la bourgeoisie. D’autant que stratégiquement, la conscience prolétarienne est souvent mise en échec et/ou insuffisamment entretenue.

Logo du GARAP
Top