Prolétaire

Dernière mise à jour : Janvier 2013

Prolétaire : Du latin « proletarius », sous l'Antiquité romaine, « ceux qui étant fort pauvres n'étaient utiles à la république que par les enfants qu'ils engendraient ». Cette définition a été conceptualisée plus tard par Marx, qui définissait le prolétaire comme celui qui n'a que sa force de travail à vendre, et qui constitue la classe de la négation de la société capitaliste.

Aujourd’hui combien de fois entendons-nous ce mot ? « Prolétaire ». Il a été pourtant si bien représenté par nos grands parents, nos aïeuls qui se battaient face à l’ennemi de classe, contre le pouvoir bourgeois, le totalitarisme, le fascisme, pour défendre leur liberté, arracher leurs droits, nos droits actuels. Ils travaillaient dans des conditions difficiles sans la sécurité ni l’hygiène que nous connaissons. Ce mot a été effacé de notre vocabulaire, remplacé peu à peu par son diminutif plus familier, singulier, « le prolo », véhiculé massivement et caricaturé, définissant un homme vulgaire, idiot, pathétique devant son match de foot, dont la vie est dépourvue de sens,  individualiste. Dans ce cas, pourquoi ne pas l’identifier au « beauf » ?

Dans une société où le langage se détériore au profit d’un charabia consumériste, qu’illustre parfaitement l’endémique communication par SMS, où l’on fabrique des codes marchands pour se reconnaître comme catégorie de consommateurs, tribu religieuse, clan identitaire et non plus en tant que classe, devons nous détourner le vrai sens des mots, et la force qu’ils représentent ?

Qui sommes-nous ? Que possédons-nous d’autre que notre force de travail que nous vendons au quotidien pour toucher notre salaire ? Possédez-vous la moitié de l’appareil productif ? Avez-vous le pouvoir de licencier qui bon vous semble ? Avez-vous des actions ou titres placés en Suisse ? Faites-vous partie des grandes familles françaises qui détiennent les grandes fortunes ? Êtes-vous ceux qui dictent les règles de ce système corrompu ? Quel pouvoir avez-vous sur votre avenir ? Avez-vous des parts dans de grandes multinationales ? Contrôlez-vous l’appareil productif, les marchés financiers ? Faites-vous des profits ? Investissez-vous ? Faites-vous partie des hautes sphères qui dirigent ce pays ? Avez-vous contribué à cette crise financière ? Avez-vous spéculé sur du capital fictif ? Combien d’actions possédez-vous ?

Petit cadre d’entreprise je suis, prolétaire je ne suis pas ? Pourtant, nombreux travailleurs devenus petits cadres (Nous ne parlons pas de ceux qui, bureaucrates accomplis et zélés, ne sont que des relais pour appliquer la politique de destruction salariale), par évolution de carrière ou ancienneté professionnelle, n’exécutent que les tâches dictées par les hauts bureaucrates et soldats capitalistes. Ils ne font qu’une seule chose, se lever le matin pour vendre « leur force de travail » même si les fonctions semblent bien différentes de celles de l’employé ou de l’ouvrier.
 
Force est de constater que nous sommes de nombreux prolos, comme nous, comme votre voisin qui l’ignore, comme vous. Sommes-nous pour cela de vulgaires attardés ? Bien loin de nous ce constat : le prolétaire n’est pas un idiot. Qui a décrété cela ? Il peut être cultivé, avoir suivi un cursus scolaire, effectué des études supérieures, ou suivi des formations professionnelles, l’apprentissage à un métier, ou même être tout simplement autodidacte, voire être capable d’user de l’intelligence dialecticienne qui fait si peur au bourgeois.  Il aime les belles choses, la beauté, l’humanité, il peut être ouvrier, employé, vendeur, caissier ; il travaille dans tous les secteurs d’activité. C’est sa force de travail et rien d’autre qui constitue sa seule richesse. Il est contraint de la vendre toujours en deçà de la valeur qu’elle produit réellement de sorte que le parasite patronal puisse lui voler la différence.  Il est l’exploité du rapport social capitaliste.

Alors cessons d’enterrer ce vocable ou de le détourner. Le prolétaire est bien plus riche car il ne pille pas. Il ne conduit pas à la destruction des territoires, comme de nombreux bourges qui les laissent crever préférant, pour amasser des profits de plus en plus importants, détruire toute ressource naturelle, édifier des centrales nucléaires, polluer notre planète, mener à l’éradication de l’humanité, nous conduire au chaos par leur avidité kamikaze. On en constate le résultat catastrophique actuel.

Le  « prolétaire », lui, mène un autre combat : celui de la survie dans ce système capitaliste. On lui vole son temps. Forcé à travailler pour survivre, aujourd’hui il se bat pour garder son emploi, subissant une énième crise capitaliste dont il n’est pas responsable, contrairement aux crapules bourgeoises. Il doit compter non pas ses bénéfices mais son maigre budget pour le mois. Comment éviter le découvert bancaire ? Comment payer ses factures ? Nourrir sa famille ? Il se surendette pour s’en sortir. En plus de tout cela, il encaisse chaque jour les attaques perverses des managers et autres fils à papa arrogants.

Lui, le prolétaire, s’attache à mener une vie la plus digne mais il sait que les dés sont pipés car celle-ci est réglée et dictée par une société qu’il n’a pas choisie.

De quel côté se trouvent la vulgarité, la déchéance, l’inhumanité et l’arrogance ?

Nous sommes des prolétaires, car nous sommes le processus à l’œuvre de destruction du système capitaliste. Ce nom nous le portons, nous l’utilisons, car il qualifie parfaitement notre condition et nos tâches historiques. Il  représente dès lors la souffrance de l’exploitation mais aussi la liberté, l’humanité, l’histoire des luttes menées par les anciens camarades, le sang coulé pour défendre le peu de droits dont nous bénéficions aujourd’hui et que l’on nous détruit chaque jour. Nous le porterons tant que nous combattrons pour une autre société, et l’abandonnerons aussitôt que l’actuelle sombrera sous nos coups. Car, il n’est d’élimination définitive du rapport capitaliste qu’en abolissant simultanément la bourgeoisie et le prolétariat. « Pouvoir populaire » et autre « Etat socialiste » ne sont que des falsifications masquant la tyrannie bureaucratique, la préservation de la valeur d’échange.

Nous devons transformer notre réalité brutale qui nous conduit au chaos, reprendre le flambeau. Prolétaires, rassemblons-nous pour écrire une nouvelle page historique : l’abolition du capitalisme. Reprenons ce qui aurait toujours dû nous appartenir : le contrôle de nos vies.

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