Préparer la sortie de l'abîme :
Modestes suggestions aux travailleurs de l'usine PSA Aulnay
Travailler plus... pour se faire virer !
Camarades,
Dans la guerre permanente qui l'oppose, elle et ses profits, à vous et vos salaires, la clique de grosses fortunes qui trône sur PSA (banquiers, fonds de pensions et famille Peugeot en tête) a bel et bien décidé, cette fois, de vous achever prochainement.
Après dix ans consacrés au démantèlement de votre usine, elle a fixé la fermeture de celle-ci pour 2014 et vous inflige, sans attendre, une nouvelle saignée en supprimant 196 de vos postes. Ce plan général de mise à mort de vos emplois prévoit, pour ces 2 prochaines années d'agonie, que vous bossiez dans des conditions rendues insupportables, non seulement par la perspective du chômage mais aussi par la saturation de votre (sur)charge de travail. On veut continuer de vous virer progressivement (passage à une équipe en 2013) et presser jusqu'à la dernière goutte de sueur ceux qui restent, le temps que la production qui vous incombe soit transférée aux sites de Poissy et de Mulhouse. La justification de cette déprédation éhontée, les exploiteurs ne peuvent la puiser que dans l'injure et le mensonge. Ainsi, ils vous insultent en dénombrant toujours plus dans vos rangs du « personnel en sureffectif », comme si vous penchiez vers l'oisiveté dans le dur quotidien de l'exploitation... Quel culot de la part de ces parasites patronaux qui ne doivent leur existence qu'au vol et à la répression historiques de la classe ouvrière ! Ainsi, ils vous mentent en arguant, de la bouche de leur mercenaire à 9000 euros par jour, Philippe Varin, que PSA « doit réduire la voilure » alors que le groupe vient de réaliser un chiffre d'affaire record en 2011 ! Mais, après tout, il faudrait que vous vous consoliez du fait de n'être pas les seules victimes d'une restructuration, soi-disant inévitable, qui passera par la suppression de 6800 emplois en Europe. On manipule la rengaine de la fatalité économique pour vous rendre dociles alors qu'on vous assassine socialement après avoir aspiré votre force de travail.
En réalité, la seule fatalité qui existe c'est que si le capitalisme perdure, la minorité bourgeoise, qui vampirise la grande majorité faite des travailleurs, poursuivra la dégradation des conditions de vie de l'humanité et de son environnement naturel. Pour en avoir le cœur net, Il n'y a qu'à regarder la population grecque, torturée par la même logique qui, sous d'autres formes, vous attaque aujourd'hui. Vous pourriez aussi questionner vos frères de classe chinois ou indiens, qui, par refus de trimer comme des chiens, ont multiplié les grèves, manifestations et émeutes ces dernières années.
S'emparer de l'usine... pour transformer la société !
Camarades,
La grave agression que vous vivez, vous et vos familles, n'est pas une passe. Bien au contraire, et vous le savez, patrons et gouvernements sauveront leurs profits à vos dépens, car pour eux, il n'est d'autres solutions.
Prendre ses responsabilités dans le tournant historique que nous vivons c'est tenter de trouver une pratique à la hauteur de cette dure réalité, des exigences de notre temps. C'est tout faire pour dépasser le stade de la revendication. C'est viser celui de la réappropriation de nos vies, c'est à dire la maîtrise et l'orientation de la production vers la satisfaction des besoins de la société affranchie. Vos camarades syndicalistes, souvent dévoués et sincères, vous conduisent vers une négociation avec les dirigeants, allant jusqu'à interpeller l'infâme Sarkozy en cette période grotesque que sont les élections présidentielles. Mais, aucun homme providentiel, aucune solution extérieure, ne viendra arranger votre situation. Tant que vous resterez des salariés, c'est à dire des pions du patronat, vous devrez vous adapter au pire. Aucune lutte ne peut plus se limiter à l'immédiat, car la crise est globale. Aussi, penser qu'en 2016 vous serez sortis d'affaire et que vous construirez alors un nouveau modèle de bagnole est une utopie. D'ici là, la société aura poursuivi de dévaler la pente. Du reste, la plupart des luttes revendicatives menées récemment par les syndicats ont été un échec. C'est bien la preuve qu'il n'y a de place que pour une offensive de fond, passant par une prise de conscience révolutionnaire.
Vous avez décidé de faire appel à la population, celle qui survit dans cet environnement morne et délabré qu'est le département du 93. Vous avez raison. Là est certainement le début de la solution. A la lueur des âpres combats qui vous attendent, vous devrez sans doute vous mettre en grève. Pourquoi ne pas envisager alors ces différentes tâches ? : Etablir des assemblées souveraines de travailleurs, des comités de lutte, pour éviter d'être téléguidés par les grandes centrales syndicales. Occuper votre usine et l'ouvrir sur l'extérieur afin que s'y tiennent les débats nécessaires pour décider au concret de la solidarité avec les habitants, les travailleurs environnants, les employés sous-traitants. Envisager un bouleversement de la production automobile pour un monde libéré des monopoles pétroliers, industriels, financiers. La vraie issue viendra de la base, de vous.