« Jour de colère » ? : CARNAVAL RÉACTIONNAIRE !
Ils ont décrété le 26 janvier 2014 « Jour de colère » et c’est comme s’ils avaient aboyé « Mets ta muselière ! », « Crève en silence ! » ou encore « Réclame qu’on t’achève ! ». Sous des apparences trompeuses, Ils défileront pour vanter ta passivité, ils scanderont à ta pacification, ils prieront pour la destruction de tes droits, l’effondrement de ton salaire, la fin des grèves, ta soumission définitive à ton manager, ta réclusion dans une mentalité identitaire, religieuse, conspirationniste.
« Ils », ce sont des spécialistes historiques de la falsification du réel, qui font dire aux mots le contraire de ce qu’ils signifient, qui tentent de profiter de tes frustrations, de tes peurs, de ta colère, de ta difficulté à comprendre et à combattre le capitalisme, pour amener ta révolte à se retourner contre toi-même.
« Ils », ce sont ces bouffons arrogants qui composent l’extrême-droite. Ils démarchent pour le Front National, s’agitent au Bloc Identitaire, se flagellent à Civitas, commercent à Egalité et Réconciliation, s’emballent pour M’bala M’bala… « Ils » sont bouffons, car ils servent le pouvoir de classe en te divertissant, en semant la confusion dans ton esprit. Ainsi, ils prennent part aux opérations de diversion suscitées par les gouvernements mais sont aussi chargés d’en proposer, d’en propager, en permanence au travers de l’immense dispositif spectaculaire qui maille nos existences. Ils s’esclaffent, parce qu’ils triomphent de toi, quand tu réclames la liberté d’expression pour mieux célébrer l’apogée de son atroce anéantissement par le totalitarisme nazi. Ils rient de toi, parce que tu ne reconnais pas leur inhumanité, celle commune à l’esclavagiste catholique, au SS Totenkopf, au soldat de Tsahal tueur d’enfants palestiniens, quand ils s’amusent à opposer entre-elles les victimes de ces monstres. « Ils » sont arrogants, car pour attirer ton attention, voire gagner ton adhésion, ils essayent de squatter toutes les formes d’expression potentielle de ta révolte : ils feignent de descendre à ton niveau social tout en confortant ta posture de spectateur, ils rassurent les perversions marchandes qui minent ton intimité, flattent ta paresse intellectuelle. Sur l’écran, par lequel ils s’invitent chez toi, ils jouent à l’insurrection contre de fausses cibles (les « juifs », les « homosexuels », les « illuminati », les « francs-maçons », les « financiers », les « immigrés », les « reptiliens »…).
L’essentiel, pour eux et les capitalistes qu’ils servent, est que tu renonces à tes propres intérêts de classe, c'est-à-dire que tu ne t’organises pas collectivement, de façon autonome, comme tu as pu le faire déjà dans l’Histoire, pour virer ton patron, déterminer les choix de production, t’attaquer efficacement à l’Etat, abolir l’argent. En un mot, ils veulent que tu fuies l’idée d’un univers libéré de l’inégalité économique, le communisme : un futur où aucun de ces sous-fascistes n’aura évidemment sa place. Si tu doutes, analyse sérieusement « l’affaire Dieudonné ».
Comme le mal nommé « Printemps français », intervenu pour faire passer la réforme des retraites, elle a été manigancée par le Parti Socialiste pour conclure dans l’ombre médiatique son « Pacte de Responsabilité », c'est-à-dire un énième pillage en règle des travailleurs au bénéfice du MEDEF, en collaboration avec les bureaucraties syndicales. Pauvres victimes, Soral, Dieudonné et leur clique sont donc hors de cause ? Non, justement. En effet, ces produits de l’industrie du spectacle devenus agents iraniens, syriens, antisémites, ces tapins du Front National, ces communautaristes, ces religieux délirants, ces alliés objectifs de l’extrême-droite sioniste (la LDJ et le CRIF préfèrent les antisionistes antisémites aux antisionistes antiracistes, car les premiers discréditent le combat antisioniste), petits boutiquiers en ligne de la barbarie, constituent les guignols parfaits dont a présentement besoin la bourgeoisie alors qu’elle frappe durement le prolétariat. Mieux vaut que tu les suives, ce qui, comme ils le souhaitent, te fera peut-être voter Front National (ce qui arrange toujours le PS et rassure le patronat). Ainsi, tu croiras que tu as une identité à défendre alors que celle-ci n’est plus que fantasme, dans une société où la vie de chacun ressemble de si près à celle du voisin.
Cette identité culturelle, religieuse, nationale, ne t’est d’aucune aide pour abattre le cœur des problèmes titanesques de notre temps : le capitalisme. Et cela même quand ce système te colle une couleur, une race, une religion à la peau pour mieux t’opprimer. Revendiquer ces pseudo-distinctions d’origine te conformera encore plus aux desseins des dominants car elles te séparent artificiellement des prolétaires d’autres origines, et sont de potentielles sources de déchirements fratricides au nom de la différence culturelle, devenue un verni empoisonné sur la division des exploités. Dans la lancée, mieux vaut que tu penses, et le ridicule ne tue pas, qu’Israël, 42ème puissance économique du monde, est la source de tous tes maux. Ca t’évite de réfléchir à l’inutilité de ton patron, de la hiérarchie, de la marchandise. Tu pourras toujours faire des quenelles (devant ton ordinateur, sous la douche, sur ton lit de mort…) tu ne resteras, dans ce cas, qu’un crétin qui méconnaîtra pourquoi, en extirpant la valeur de sa force de travail, la bourgeoisie lui met au plus profond la plus grosse « quenelle » qu’il puisse imaginer ! « Bourgeoisie » ? Oui, et pas « juifs », ni « sionistes ». S’il existe des patrons juifs, il en est de tout aussi puissants sans confessions ou de religion catholique, musulmane, protestante, hindoue, bouddhiste... Et surtout, la religion ici n’a aucune importance, ni la nation d’ailleurs, car le capitaliste est la personnification du capital, rapport social et richesse accumulée qui, pour se valoriser, a su, depuis longtemps, se déconnecter de tout impératif moral, religieux, territorial. Les mollahs iraniens, comme les milliardaires qataris, les pétroliers texans, les maîtres français de l’UIMPP, pourraient t’en parler…D’autre part, tu restes encore idiot si tu défends le petit patron contre le gros, le premier ne cherchant qu’à devenir le second. Enfin, il est vain de distinguer la figure du bon industriel et du méchant financier ; l’un et l’autre sont interdépendants, leurs capitaux se confondant.
Ces quelques vérités en tête, regarde ces mariolles brailler leur soi-disant colère, et que vois-tu ? En fait de colère, il n’y a que de la bile croupie crachée par des résidents des beaux-quartiers, des notables provinciaux. Leurs chiards sont là aussi. Les mêmes ont cru, dans leur agitation contre le mariage gay, enfin vivre une jeunesse parce qu’ils se sont encanaillés en provoquant sans trop de risque les bleus encadrés par l’ami commissaire ou préfet. Mais les plans de carrière les aspirent déjà, car la voie de ces fils à papa est toute tracée. Ils continueront de déstructurer les vies privées de leurs exploités, conformément aux lois du business, en réclamant parallèlement l’encadrement de la masse par l’ordre moral... Des identitaires rêvent éveillés à la servilité de ces « Bonnets rouges » qui se sont livrés corps et âmes à leurs patrons, au nom du petit commerce, de l’enracinement régionaliste, du terroir éternel, ces enjolivures de la peste xénophobe, ces habits respectables de la lâcheté sociale. Quelques beaufs, certains des banlieues pauvres, piétinent en éructant un antisémitisme greffé sur un trip religieux, ethnique, une soif de prendre sa part du gâteau capitaliste, en ignorant crânement que, si elle ne fait pas d’eux des révolutionnaires, leur position dans le rapport de classe les condamne à supporter le poids du monde augmenté de leur propre ressentiment.
Ces goules du pourrissement capitaliste disparaîtront sous nos luttes autonomes qui refleuriront, bientôt. Nos jours de colère, devenus temps révolutionnaires, feront regretter aux sous-fascistes de toutes sortes, l’emploi de formules qu’ils feraient mieux de méditer pour se préparer des fuites réussies.