Lutte No MUOS
Nous publions ci-dessous le tract de soutien au mouvement No M.U.O.S.
En préambule quelques remarques :
Comme la plupart des mouvements contre les mégaprojets, qui fleurissent en Europe au rythme des reconfigurations du capital européen, (Z.A.D, NoT.A.V, et d'autres) le No M.U.O.S reste un mouvement « populaire », c’est à dire interclassiste, ou du moins, non structuré sur une base de classe.
Si cela ne le discrédite en rien à nos yeux en tant que mouvement de contestation, nous nous interrogeons cependant sur les perspectives révolutionnaires qu'il ouvrirait.
Partant, nous soutenons totalement les composantes les plus radicales d'un mouvement qui, s'il n'attaque pas le cœur de la relation sociale capitaliste, permet au moins de contester l'ordre que les gestionnaires de cette dernière tente d'imprimer au monde.
Rappelons les points d'attaques qui nous semblent importants dans ce mouvement :
1. La militarisation de ces méga projets, au travers de la sécurisation des chantiers et de l'explosion des investissements dans la sécurité, tend à rendre visible l'une des logiques fondamentales du règne du capital : son besoin intrinsèque de la violence pour subsister. En rendant ce besoin de violence enfin visible sur des points du territoire, les luttes contre les mégaprojets s'inscrivent, quelle qu’en soit la représentation que les acteurs en aient, dans une démarche au moins de délégitimation de l'ordre démocratique bourgeois qui recouvre cette relation de violence de couches de justifications douteuses (vote, syndicat, participation au profit, éloge de la famille, promotion et appui des identitarismes genrés, religieux, communautaires, …).
2. Le fait que des entreprises liées à la mafia aient été approchées par l'armée pour effectuer les travaux de chantier et de sécurisation, montre une chose : au fond l’État et la mafia ne sont que deux modes de gestion de la production marchande, de sorte que l'oppression mafieuse ne fait que répondre à la militarisation des États. Ces deux aspects ne sont pas antinomiques, ainsi qu’aime à le penser une certaine idéologie « démocratique », mais bien complémentaires, tels deux modes de gestions, parfois opposés, d'une même réalité qu'il nous faut faire tomber. La lutte contre le M.U.O.S est également une lutte contre la mafia et sa violence.
Nous apportons donc notre soutien aux personnes et groupes qui tenteront de développer, à partir de cette zone de tension au sein de la relation sociale capitaliste, une praxis d'émancipation, de révolution, bref une perspective communiste qui porte réellement son nom et ne soit pas qu'un énième projet de défense, toujours déjà nationaliste, du territoire, ou de protection, toujours déjà citoyenniste, de la seule santé ou de la faune. Une perspective communiste qui englobe à la fois tout ces éléments, et les dépassent. Pour ce faire il nous semble tout à fait souhaitable d'étendre ce point de contestation vers les lieux de production, et notamment à l’endroit des entreprises en lien avec la construction des chantiers, manière la plus puissante de bloquer l'avancement de cette arme qui est moins étrangère qu'essentiellement capitaliste.

Lutte No MUOS
Le MUOS (Mobile User Objective System) est un projet de la Marine de l’armée des USA, visant à assurer les télécommunications entre les unités mobiles légères (par exemple, soldats sur le terrain ou drones). Le système sera composé de 5 satellites et de 4 terminaux terrestres, qui accueilleront chacun 3 antennes paraboliques géantes. Il est considéré par la Navy comme une de ses armes les plus puissantes du XXIème siècle.
Un des terminaux est prévu à Niscemi, en plein coeur de la Sicile, à l’intérieur de la base militaire américaine NRTF (Naval Radio Trasmitter Facility), dans laquelle sévissent, depuis 1991, une quarantaine d’antennes verticales qui communiquent avec les militaires évoluant dans les airs, sur terre, sur mer et dans les profondeurs sous-marines.
Les antennes NRTF, auxquelles viendront s’ajouter celles du MUOS, représentent une attaque de
plus menée par la classe au pouvoir contre les populations.
D'une part, le rayonnement électromagnétique implique de grands risques sur la santé (cancers,
malformations), la sécurité (perturbation de l'aviation civile et militaire, déclenchement accidentel
d'armements, dérèglement des appareils dans les hôpitaux) et l'environnement (mutations
génétiques des plantes et des animaux, brûlures, diminution du nombre d'abeilles).
D’autre part, ceci permettra à une armée ultra-puissante de continuer d’avancer ses pions, dans des
visées géostratégiques, à quelques kilomètres du Moyen-Orient et du Nord de l'Afrique. Comme le
montrent les récents bombardement en Libye, la Sicile, plus grande île de la Méditerranée, se
transforme progressivement, avec ses bases militaires US (dont les antennes NRTF de Niscemi) et
OTAN, en porte-avion en position avancée de l’impérialisme occidental, aux portes d’une Union
Européenne se présentant toujours plus comme une forteresse menaçante et impénétrable, rendant
l’immigration provenant des pays africains et asiatiques toujours plus difficile. Sur ce dernier point,
on peut considérer que les immigréEs ditEs « clandestinEs », dont la force de travail est
constamment dévalorisée en Europe, fuient leur pays en tant que victimes des guerres menées par
la même bourgeoisie internationale qui se trouve à la tête de ces projets de militarisation.
Enfin, la construction du MUOS a impliqué au moins une entreprise mafieuse, mettant encore plus à
risque une économie bancale et rigidifiant les structures du pouvoir.
Cette situation ne concerne pas uniquement cette région, mais l’ensemble de celles et ceux qui subissent les affronts de ce système depuis 200 ans : le prolétariat, donc TOI.
En effet, ce projet s’inscrit dans une perspective de transformation capitaliste globale du territoire.
On peut relier ce chantier avec ceux prévus, par exemple, dans le Val de Suze en Italie (train à
haute vitesse) ou à Notre-Dame-Des-Landes en France (aéroport), et relever la constante qui les
unit : rendre toujours plus fluide la circulation des personnes et des capitaux, par exemple à travers
un contrôle militaire des ressources pétrolières d'un pays ou une ligne ferroviaire rapide (TAV) entre
deux zones à fort développement industriel (Lyon et Turin).
Pour toutes ces raisons, les comités No MUOS de plusieurs villes et villages, depuis 2011, ne
luttent pas seulement contre les antennes, mais aussi contre les politiques qui criminalisent
l'immigration. Ils ne se contenteront pas de démanteler les bases militaires siciliennes, mais désirent
construire une société débarrassée de la logique capitaliste qui détruit nos vies et l'environnement.
Ils participent donc au combat contre la mafia, aux luttes pour le logement et contre l'austérité, et se
sentent solidaires d'autres mouvements comme le No TAV (Val de Suze) ou la Z.A.D (Notre-Dame-
Des-Landes).
La lutte No MUOS vise la réappropriation de nos vies. Elle a besoin de continuer à s'agrandir, par-dessus les Alpes, au-delà de la mer, à travers les frontières.
CETTE LUTTE EST LA TIENNE
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