Back in the USSR : l’Humanité au service du confinement !

La mare aux crapauds n°8 - Février 2021

Portrait de l’émeutier en barbare nihiliste

De nombreux médias cherchent depuis quelques jours à assimiler les émeutes ayant eu lieu aux Pays-Bas à des manifestations d’extrême-droite. C’est notamment le cas de l’Humanité, journal de « gauche » pro-confinement, qui renoue pour l’occasion avec une vieille tradition stalinienne, celle de la calomnie : https://www.humanite.fr/aux-pays-bas-le-couvre-feu-reveille-extreme-droite-et-hooligans-699261. Le moins que l’on puisse dire est que le bulletin néo-stalinien n’apprécie guère les émeutiers : « scènes de pillage », « hooligans1 », brûleurs de centres de dépistages et assaillants d’hôpitaux, qui plus est issus du « nord conservateur et protestant du pays autrement désigné comme « la ceinture de la Bible » »… Beau comme du BFM-TV traitant de l’« invasion » de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière par les gilets jaunes2.

La liberté ? Quelle liberté ?

Pour les staliniens et néo-staliniens en effet, l’État est une valeur de gauche et la « défense » des travailleurs s’assimile à la défense de l’État tout-puissant, dispensateur du service public et de l’intérêt général. Ainsi, aux yeux de l’Humanité, l’État dans cette crise fait figure de protecteur et prend des mesures pour protéger la population en général et les travailleurs en particulier. Pas question donc pour ce journal d’admettre la légitimité ou même la possibilité d’un soulèvement spontané contre le confinement ou le couvre-feu à prétexte sanitaire. L’idée même que de telles mesures entraveraient les libertés est considéré par lui comme un fantasme d’extrême-droite. C’est ainsi que le journal met des guillemets au mot « liberté » et approuve le « premier ministre libéral, Mark Rutte » quand celui-ci « dénonce toutefois l’idée d’une privation de liberté, agitée par l’extrême droite ».

Les émeutes ? Un complot d’extrême-droite !

Car, pour le journal stalinien comme pour les autorités néerlandaises, ces émeutes portent la marque de l’extrême-droite. Soulevant l’ambivalence de la position du dirigeant d’extrême-droite Geert Wilders, à la fois contre « la restriction des libertés du citoyen » et contre l’immigration à laquelle il attribue les émeutes, en appelant à l’armée pour mater ces dernières, il n’en associe pas moins les émeutes et l’extrême-droite, en faisant comme si celle-ci était la seule à dénoncer la restriction des libertés et la seule à manifester, en réduisant les émeutes aux « démonstrations de force du mouvement islamophobe Pegida » et en niant toutes les autres composantes du mouvement. Extrême-droite=Pegida et émeutes=Pegida, donc émeutes=extrême-droite. Là où Wilders veut réduire les émeutes à la « racaille » (terme également utilisé par le ministre des finances « libéral ») immigrée, l’Humanité, comme une grande partie de la presse, veut réduire celles-ci à l’extrême-droite. Quant à la présence effective de prolétaires immigrés dans les émeutes qui ont enflammé des quartiers populaires, cette question n’intéresse pas la journaliste. Puisque Pegida a participé aux émeutes et que Wilders a attribué celles-ci aux immigrés, c’est donc que ceux-ci n’ont pas participé aux émeutes. CQFD.

La logique ? Quelle logique ?

Résumons : un confinement qui n’est combattu qu’en paroles par l’extrême-droite mais dont la contestation dans la rue est combattue main dans la main avec le gouvernement par cette même extrême-droite, une classe politique quasiment unanime dans sa dénonciation des émeutiers, contre laquelle elle reprend le langage de Sarkozy et en appelle à l’armée, un gouvernement démissionnaire suite à un « scandale des allocations » (que l’Humanité évoque sans rappeler les faits) qui a consisté à faire rembourser des années d’allocations familiales à des milliers de familles injustement accusées de fraude, sur fond de profilage ethnique et de surenchère xénophobe3, de tout cela quelle conclusion tire la journaliste de l’Humanité, décidément adepte de la double pensée ? Qu’en Hollande l’extrême-droite est dans la rue et non pas au gouvernement !
Avec des antifascistes de ce genre, pas besoin de fascistes !

Notes :

[1] On sait que le paragraphe 2 de l’article 206 du Code pénal de la République socialiste fédérative soviétique de Russie adopté en 1960 permettait d’envoyer dans des camps sous l'accusation d'hooliganisme tous les déviants, les dissidents et les opposants politiques (cf. Russie, réformes et dictatures de Andreï KOZOVOÏ, partiellement disponible sur Google Books)

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